Jeudi 8 janvier 2004

 

Partant du principe, assez confortable, qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, deux d'entre nous (plus une malheureusement dépourvue de licence) sont allés voir Lynda LEMAY en concert. Et ça faisait un moment qu'on l'attendait tant ses apparitions sur scène en province sont rares. Donc dès la date connue, nous nous sommes précipités avec suffisamment de calme et de temps de réflexion pour ne pas avoir le choix des places. Si vous connaissez un peu le Summum de Grenoble, m'en vais vous conter ou nos glorieux séants ont trouvés places, c'est pas compliqué. Face à la scène, dans l'axe du regard de l'artiste, sauf pour Dalida évidemment, mais bon, en l' occurrence, pour Dalida il y a prescription. Donc dans l'axe de la scène, tout au fond, une sublime poutre traversière en acier d'un bleu océan de style fin Staline barre l'édifice, hé ben, c'est là, enfin juste derrière, tout derrière même puisque nous étions au dernier rang, plus derrière c'est pas possible, à moins d'insister pour voir le concert depuis le parking, au risque de perdre en qualité tant sonore que visuelle, et puis avec ce temps pluvieux, vous n'y pensez pas, soyez raisonnable, quoi !
L'autre avantage, c'est la température, en ces temps d'épidémie de grippes, de gastro et autres virus, il convient de garder les os au chaud, ce fut fait avec zèle. Souvenez vous de la canicule de l'été dernier, ajoutez une vingtaine de degrés, amenez du pain, des brioches, des croissants, le tout lèvera parfaitement, pensez à arroser de temps à autre les spectateurs et tout ira pour la mieux.
 


Voilà pour l'environnement, le spectacle maintenant. Linda LEMAY s'écoute d'abord et surtout, l'intérêt est de disséquer les paroles avec attention, de s'immerger dans son univers insondable, tant les jeux de mots sont subtiles et les nuances d'une justesse inouïe. Cette fille semble d'une simplicité rassurante, d'une proximité enthousiasmante, d'une joie de vivre rafraîchissante, le tout servi par un accent des plus authentiquement Québécois. Capable de vous faire passer du rire au larmes en quelques dixièmes de secondes, elle sait écrire et faire passer une émotion à en avoir les larmes aux yeux. Linda dispose d'une palette allant de la tendresse la plus infinie, en passant par la méchanceté feinte et gratuite ou la folie pure, mais avec une perfection dans l'écriture stupéfiante. Une écriture taillé comme un diamant pure aux multiples facettes. Elle compose un tableau de l'être humain fait de grands sentiments qui parle au coeur, de petits travers en défauts inavouables, de vraies tranches de vies, quoi ! Son jeu de scène est sobre et sincère, l'orchestration nickel, le volume ni trop fort, ni trop faible accompagne parfaitement les paroles sans les écraser. En gros, pour résumer c'est à deux heures et demies de bonheur que nous avons assisté, le tout dans la communion de sentiments partagés avec quelques centaines de nos contemporains, une belle union disparaissant dès qu'il s'agira de reprendre le volant et se frayer un chemin vers la sortie.


De retour dans la voiture, j'ai coupé la radio parce qu'après avoir dégusté une belle tranche de foie gras rosé, je ne me tape pas des cornichons à la volée.

Voilà pourquoi ces quelques mots, parce que quand on a la chance de prendre son pied à ce point, on n'a pas le droit de le garder pour soi.