Edito juin 2004


   Ca s'arrange pas pour nous, adeptes du vélocipède. Sur la route, on savait que le danger pouvait venir de l'arrière, propulsant le cycliste dans un sprint aussi subit que désordonné suivi d'un atterrissage ou d'un amerrissage, selon les circonstances, sur deux roues ou sur une jambe. On savait qu'il pouvait arriver en face, dans l'éclat d'un capot étincelant à défaut d'accueil ouaté. On redoutait le slalom géant à la porte large qui s'ouvre séparant bruyamment la monture du monteur de chaque côté de l'obstacle dans une figure artistique digne du patinage du même adjectif. On savait qu'il faudrait aussi se faire greffer deux yeux globuleux sur les côtés à la manière des lapins ou des poules mais sans la crête, il y des limites au ridicule, pour éviter un museau de voiture ayant déblayé la barre d'un "stop" d'un coup d'accélérateur. On craignait sur les pistes cyclables les rollers aux mains balayeuses, aux jambes d'envergure à géométrie variable ou les apprentis rollers, plus dangereux, leurs trajectoires étant conduit par le seul hasard et il fait souvent mal les choses. Il fallait se garder des chiens, reliés ou non à des piétons par un filin invisible et infranchissable, à moins d'avoir inscrit à son programme une séance dure de fractionné devant clébard, toujours motivant et générateur de démarrages imparables. Bref, fallait faire gaffe devant, derrière et sur les côtés, ce qui représente déjà un boulot à temps plein. Jusqu'à présent, du sol ou du ciel, peu de danger à craindre, sinon la chute d'un avion, de Mir qui s'est d'ailleurs déjà fait rincer dans l'océan il y à quelque temps. Pour le sol, on n'a guère à craindre des taupes surtout depuis que le KGB est tombé simultanément avec le rideau de fer ou des vers de terre, même gavé de nitrates, quant aux sous marins, ils ne concernent que les pédaleurs sur pédalos.
    Donc, tout cela était normalisé, à défaut d'être normal, on devait s'y faire et voila tout. Et puis voila t-il pas que la tête baissée sur son  guidon, un cycliste grand breton s'est pris une tuile sur la gueule dans le Devon et sur une ligne droite en rase campagne, tout le monde sait que le gazon Anglais se doit d'être rasé de frais. La tête sanguinolente, le brave homme de 71 ans du se rendre à l'évidence, il venait de servir de cible à une buse voyant d'un mauvais oeil, d'un bec agressif et de serres acérées sa présence. L'incident fut clos à l'aide de points de suture. Tout récemment, une course cycliste se déroulait sur cette même route poétiquement dénommé A 3072. Là le bestiau n'en crut pas ses yeux devant cet arrivage tout frais de tronches à picorer toutes bien regroupées en peloton, bien que plus vives que la précédente cible. Le score est enthousiasmant, vingt - deux cyclistes blessées, le volatile parvenant à trouer les casques ! C'est à ma connaissance la première fois que l'on du faire appel à des secouristes pour boucher des trous en course.
    La très respectable société royale de protection des oiseaux est intervenu après les ambulanciers expliquant que la buse avait du faire son nid dans le coin et avait du attaquer sentant sa descendance menacée. Elle conseillait d'une même voix d'éviter cet endroit sur deux roues et ajoutait sans rire pour ceux devant emprunter  la route, de peindre deux yeux sur le casque, susceptible de faire peur à l'oiseau. Je vous le dis moi, ça ne s'arrange pas !