From La Tronche Vélo Sport

Articles10: Vous avez dit "printemps" ?

Par Franck P
Le 19/03/2010

  Cliquer ici pour partager par messagerie

Quel magnifique soleil, ce vendredi ! Assurément un temps à mettre un cycliste dehors.
Ça tombe bien, Yann (Garavel) et moi avons prévu de rouler ensemble.
Yann a donné son dernier cours et sort du collège à 11h00. Quant à moi, je décide de récupérer quelques heures et de m'octroyer une très large pause déjeuner afin de profiter au maximum de cette belle journée.
Nous avons rendez-vous entre 11h30 et midi quelque part entre Lépin-le-Lac et les Echelles.

Jusque là, tout va bien.

Je m’élance à 11h30 pétantes et roule le long du lac d'Aiguebelette. Mon compteur affiche une température supérieure à 21°. Bon sang, mais c'est le printemps avant l'heure !

Photo1

J'entame tranquillement la montée vers Attignat Oncin depuis Lépin-le-Lac tandis que Yann fait la même chose depuis les Echelles et nous nous retrouvons sur le plateau d’Attignat, juste au sommet de nos bosses respectives.
Constatant ce temps extraordinaire, nous décidons, d'un commun accord, de partir à l’assaut de quelques cols : celui de Couz (entre les Echelles et Chambéry) pour débuter, puis le Col de l'Epine en guise de hors d’œuvre, avant de redescendre sur Novalaise et le lac d'Aiguebelette.

Jusque là, tout va bien.

Nous rejoignons donc les Echelles et entamons la longue montée roulante menant au Col de Couz. J'ai des jambes de feu et impose un train soutenu tout le long de la montée. Un saut de chaîne empêche Yann de disputer le sprint au sommet du col mais, hormis ce petit incident mécanique, jusque là, tout va bien.

Puis c'est la descente vers Chambéry avant de bifurquer vers Vimines pour emprunter la petite route qui permet de rejoindre celle du col de l'Epine sans avoir a redescendre jusqu’à Chambéry.
Arrivés à hauteur de Vimines, réalisant que nous passons à proximité de la maison de Fred, un ami commun, je propose un léger détour pour une pause café surprise. "Pourquoi pas" me dit Yann.

Jusque là, tout va bien.

Je bifurque et, au lieu de suivre la route qui remonte vers le col de l'Epine, emprunte celle qui redescend vers Chambéry.
La pente est raide et nous prenons de la vitesse… Je recherche la maison de Fred mais ne reconnaît absolument pas les lieux. Nous nous arrêtons une première fois, hésitons à faire demi-tour, décidons de poursuivre la descente jusqu'au prochain carrefour…
Encore un bon kilomètre et toujours pas de maison connue en vue. Nous ne sommes vraisemblablement pas sur la bonne route. Nous nous arrêtons à nouveau et décidons, cette fois-ci, de faire demi-tour pour reprendre la direction du Col de l'Epine.

On ne se rend pas compte de la distance effroyable que l'on peut parcourir en descente en quelques minutes. Ou plutôt si : on s'en rend compte, et même plutôt bien, lorsqu'il s'agit de faire le chemin inverse, dans le sens de la montée. La pente est d’environ 12 à 13% à cet endroit et nous sommes obligés de mettre tout à gauche pour la gravir.
Mais ce n'est pas un petit raidillon qui va nous arrêter et nous rejoignons finalement la route du col de l'Epine sans y laisser trop de plumes… juste quelques watts.

Jusque là, tout va à peu près bien.

Comparée aux récents pourcentages subis, la montée de l'Epine nous apparaît comme une douce rigolade que nous entamons à plutôt bonne allure.
A la sortie de St-Sulpice, une barrière en travers de la route nous interpelle quelque peu. Tiens, le col serait encore fermé ? Tu parles, c'est juste qu'ils n'ont pas encore nettoyé la route après l'hiver ! Allez hop, ne nous laissons pas impressionner pour si peu. Nous franchissons l’obstacle dans la bonne humeur et poursuivons notre grimpée héroïque. La chaussée est fréquemment encombrée de petite branches et de quelques cailloux mais reste tout à fait praticable. Nous avons assurément eu raison de l'emprunter.

Jusque là, donc, tout va bien.

La montée se poursuit. Je commence à avoir mal aux jambes mais je constate que Yann, qui m'a pris 10 mètres, ne me distance guère plus et en conclus donc qu'il n'est pas vraiment en meilleur état que moi.
Soudain, au détour d'un virage, nous découvrons quelques plaques de neige et de glace, derniers résidus d'un hiver rigoureux. Rien qui ne nous empêche d’avancer.

Jusque là, tout va bien.

Et puis, à un kilomètre du sommet, les choses se gâtent : désormais, ce ne sont plus quelques plaques de neiges au milieu du goudron, mais au contraire, quelques rares portions de goudron qui apparaissent encore entre deux plaques de neige.

Photo2

Nous mettons pied à terre une fois, remontons sur le vélo, manquons de tomber, mettons pied à terre une deuxième fois, tentons à nouveau de remonter sur nos fiers destriers avant de nous rendre à l'évidence : il va falloir franchir le col à pied.

Jusque là, ça va encore.

Vélo à l'épaule, nous marchons donc sur ces résidus neigeux, à peu près persuadés que, passés le col, quelques centaines de mètres plus loin, nous serons plein sud et que la route sera parfaitement dégagée.

Photo3

Las, arrivés au col, quelle n'est pas notre déception de constater qu'elle est intégralement recouverte de 20 à 30 bons centimètres de neige.

Photo4

Ci-dessus : un cycliste déjà bien entamé !

Le passage de quelques 4x4 a toutefois creusé des ornières qui nous permettent de marcher sans planter les mollets dans la poudreuse. Nous rions de notre mésaventure, prenons même quelques photos, nous disant qu'il ne doit pas y en avoir beaucoup pour faire de tels entraînements de commandos.

Photo5

Jusque là, euh, comment dire… ça peut aller.

Une portion goudronnée nous permet de remonter sur nos vélos. Nos cales sont recouvertes de glace, il nous est donc impossible de chausser, mais ça ne nous empêche pas de nous laisser descendre… Pas longtemps, au détour d'un nouveau virage, le tracé repasse à l'ombre et nous retrouvons la neige et même un sapin effondré en travers de la route. Super !

Photo6

Je viens seulement de retrouver du réseau. J'appelle le boulot pour prévenir que je serai "un peu en retard"…
Nous recommençons à marcher dans les ornières. A cet endroit, la chaussée est recouverte de près de 40 cm de neige. Je repense à Jack London, à "Construire un feu" et me dit que c'est con, nous n'avons même pas d'allumettes…

Photo7

Le sol est glacé, les chaussures détrempées et, avec les cales, nous glissons régulièrement et manquons de tomber à plusieurs reprises. La galère se poursuit durant un bon kilomètre avant de retrouver enfin la terre ferme… ou plutôt le goudron ferme !

Alléluia !

Nous enfourchons à nouveau nos bicyclettes, les pieds mouillés, les cales enrobées d'une épaisse couche de glace, et entamons enfin la descente du col, zigzaguant entre les flaques d’eau générées par la fonte des neiges, les branches cassées et les pierres tombées de la falaise. Un vrai gymkhana.

Nous rejoignons le lac d'Aiguebelette non sans rencontrer une ultime coupure en raison de travaux. Pas grave, on en a vu d'autres : nous déchaussons, flanquons le vélo sur l'épaule et passons à travers champ dans l'herbe et la terre du chantier pour rejoindre la route 200 mètres en contrebas. En l'espace d'une seule sortie, nous voilà devenus de véritables baroudeurs !

Photo8

Bilan de cette virée : de la chaleur, de la neige, de la glace, des branches, des cailloux, des travaux, 1400 mètres de dénivelés, 71 km à vélo, environ 2 km à pied… et des chaussures un peu niquées.

Bon, finalement, jusque là, tout va bien, non ?

Pedro le Voyard20 mars 2010, 02:12http://voyard.free.fr

Dans le genre "n'importe quoi" vous n'êtes pas trop mal ! Il ne vous manque plus que l'épreuve de ski de fond avec tir au fusil ! Surtout le tir couché dans la neige mouillée ! Tout de même que c'est beau que d'être jeune et insouciant ! Cependant il y a un manque, le brouillard et la pluie ! Finalement vous jouez petit petit ! Moi, de mon temps !... Enfin, j'ai bien ri. Encore ! Encore ! Que nous réserve votre prochaine sortie ?

Franck P20 mars 2010, 11:43

Merci pour le "jeune et insouciant" ! A 40 balais révolus, nous prenons ça comme un compliment !

Eric 20 mars 2010, 15:05http://www.marilyne-strass.fr

J'attends la prochaine aventure avec impatience.
Rien ne vous empêche la prochaine fois de placer quelques brumes et goutes de pluie. Puis pour satisfaire le Pédro, narrer la rencontre insolite avec cette petite vieille chevauchant sa bicyclette des années 14 aux roues décentrée au grincements de la vieille machine qui se confondrait avec ceux de son arthrose...!

Bernard20 mars 2010, 16:32

Pedro a raison, c'est beau d'être jeune et insouciant ! J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette petite aventure d'autant plus que c'est très bien écrit !

Peter20 mars 2010, 17:59

Heureusement sur cette terre il reste une aventure possible ! Bien les mecs. Peter

Patrick21 mars 2010, 19:19

Ben ya rien a dire. Vous avez bien agi. Fallait quand même pas faire demi-tour et le regretter toute sa vie !
Simplement, par précaution, prenez des raquettes la prochaines fois. Ca devrait bien s'accrocher sous la selle, vous êtes grand, ca devrait passer.
Pour les chaussures (Démolition man n'est jamais loin), essaye de faire jouer la garantie. Ca devrait passer. Je parie que le vendeur ne t'a pas prévenu que ça ne supportait pas la neige...

Laurent J21 mars 2010, 21:25

Franck P22 mars 2010, 23:51

Ah oui, pas mal aussi, au Fontanil !
Pour répondre à ta question Patrick, pour les godasses, je crois qu'elles ont fait leur temps, de toute façon. Ça doit faire trois ans que je les étrenne et elles commençaient à être un peu souples et abimées (finalement, les chaussures de vélo, c'est comme l'amour : ça dure trois ans !).
Quant aux raquettes, j'y penserai... si je me mets au tennis !

denis26 mars 2010, 12:47

Salut Franck ! Excellent reportage.
Bravo pour ton courage.
Pour les allumettes, fais comme moi quand je roulais. Emporte tes cigarettes et un briquet ! Tu vois, le vice peut avoir des avantages ! Quant à cette aventure, elle me rapelle un autre bon coureur, Jacky D., qui avait pour devise de ne jamais faire demi-tour quelles que soient les conditions. Ce qui lui a valu deux ou trois expériences semblables à la tienne lorsqu'il arrivât dans la région au début 1999. Te voilà en bonne compagnie, avec un avenir tout tracé. A bientôt et bon courage pour la saison

Récupéré sur http://www.tvs.free.fr/pmwiki/pmwiki.php?n=Articles10.Vous-avez-dit-printemps
Page mise à jour le 20/02/2017 18:06