Par Patrick
Voici mon vélo, mon unique vélo depuis toujours ou presque, je n'ai pas acheté de vélo de route entier depuis pratiquement 30 ans. Mais je lui change des morceaux régulièrement.
Mon vélo, c'est mon vélo d'entrainement, mon vélo d'hiver, mon vélo de course, mon vélo de chrono, mon vélo de promenade, et maintenant aussi mon vélo de randonnée...
Le voici équipé pour faire en 4 jours Dolomieu - Vic la Gardiole (près de Sète), en passant par les Dombes (bizarre de passer par la-haut, une idée de qui à votre avis ?), 620km, 9900m de dénivelé... Avec Olivier, Majo et donc Patrick
A noter particulièrement les 3 gardes-boue, la pompe des années 80 (mais alors ca gonfle), le porte tongues en carbone, le stabilisateur de sacoche en baguette (2 baguettes de restau chinois, coréenne en l'occurrence), le porte appareil photo ultra accessible, la double épaisseur de guidoline, le rétroviseur pour vérifier si Olivier suit. Et bien sur Le PT !...
Moi je l'ai vu en vrai et c'est encore plus impressionnant... Surtout le porte-tongues en carbone !
Mais une question : pourquoi avoir mis cet article intéressant uniquement à la portée des membres de TVS et pas à celle de tous les visiteurs du Wiki ? Y aurait-il du secret industriel ou du brevet dans l'air ?
Non pas de brevet, je serais même partant pour faire bénéficier des bienfaits du porte tongues en carbone à l'humanité entière pour par un centime de royalties. Non, le problème est que, malgré des vents contraires, je compte bien faire encore quelques courses dans les années à venir, et il ne faudrait pas que mes concurrents pensent que je me ramollis à faire quasiment du cyclo-camping... C'est que j'ai une réputation à préserver !
L'excuse est recevable, mais tout de même, quelle perte pour le reste de l'humanité !
Pas mal qunand certains tente nt de perdre des kilos pour avancer plus vite d'autres rajoutent du poids (enfin pas tant que ça porte tongues en carbonne excusez du peu ...). Attention Patrick de ne pas être choisi comme figurant dans Camping 2 ! Bon voyage à vous, beau challenge, bientôt Bordeaux Paris ou Paris Brest Paris ?
Bon, et alors, ce périple "Dolomieu / Vic la Gardiole", vous nous racontez ?
Voila, c'est fait !
630km, 29h20mn de vélo, 9000m de dénivelé, 13000kJ, sans forcer, 810 de TSS.
9 départements traversés: 38 (Isère), 01 (Ain), 69 (Rhône), 42 (Loire), 63 (Puy de dôme), 43 (Haute Loire), 48 (Lozère), 30 (Gard), 34 (Hérault)
Tout s'est parfaitement bien passé, aucun souci mécanique, pas de souci physique notable.
Matos
Les sacoches (et le porte tongue en carbone aussi) ont tenu. Elles faisaient environ 4kg. L'expérience semble plutôt aller dans le sens des sacoches arrières. Au début elles perturbent un peu la danseuse, mais rapidement elles se font oublier. Certains les utilisent même comme extension de selle... La sacoche avant ne gène pas la danseuse mais rend la direction lourde et conduit à diminuer la réactivité en cas d'urgence. Mais on s'y fait aussi. Le seul vrai problème de la sacoche avant est que l'on ne peut plus lâcher les 2 mains.
Le mini-rétroviseur est un truc sympa. C'est pas vraiment nécessaire, mais ça permet de voir pédaler les autres sous un autre angle qu'avec les fesses en gros plan. Et bien réglé, on peut même se voir pédaler et admirer ses jambes, avantageusement mises en valeur par la courbe du miroir...
Quelques impressions
Le détour par les Dombes n'était pas indispensable. On est peut-être passé un peu vite mais on n'a pas vu trop d'étangs. Il nous a permis après un café à Pérouge de faire une descente du massif central en partant de haut (les monts du beaujolais)) et de traverser des paysages très différents tous les jours. Et aussi de repasser sur les lieux d'une bataille perdue...
Trouver de quoi manger ou dormir n'a pas été si simple. Le problème des coins pas trop courus en aout, c'est que les restaurateurs et hôteliers en profitent pour partir en vacances. Pendant que ceux qui restent font la fête. Et du bruit !
Le second jour le seul resto trouvé a été un Kebab. Le troisième, pas de resto, on a du se rabattre sur une épicerie pour manger un bout...
La météo a été correcte, du soleil, des nuages, quelques gouttes pendant 10mn, et pas de chaleur mais une fraicheur supportable.
On ne s'est jamais vraiment perdu, sauf une fois sur 1km, mais a 12%... On est parfois arrivée a bonne destination sans avoir pu comprendre quelle route on avait prise... On a aussi emprunté une route fantôme... La prochaine fois on prendra quand même une boussole.
Les détails
Vue d'ensemble du parcours (approximativement, c'est avant l'affinage openrunner...)
Première étape
DOLOMIEU - MONTVERDUN
http://www.openrunner.com/index.php?id=132257
197km 4000kJ TSS=236
Seconde étape
MONTVERDUN - AUROUX
http://www.openrunner.com/index.php?id=132348
179km 4070kJ TSS=254
Troisième etape
AUROUX - GANGES
http://www.openrunner.com/index.php?id=132354
169km 3530kJ TSS=242
Quatrième étape
GANGES - VIC
http://www.openrunner.com/index.php?id=132358
82km 1360kj TSS=78
Par comparaison, la première journée de La Tronche - Cannes a donné 4310kJ pour une TSS de 335 (j'avais un poil plus forcé, devinez pourquoi), mon record. Une course Ufolep se situe autour des 1500kJ pour 170 de TSS en moyenne. Le max en course, le samedi de la Guadeloupe, avec 2 demi-étapes, 310 de TSS pour 3000kJ.
les kJ représente l'énergie mécanique dépensée (approximativement aussi l'énergie consommée en kCal si on considéré un rendement de moteur humain de l'ordre de 25%)
Les TSS sont un indice de stress induit par l'effort, qui tient compte de l'intensité avec laquelle l'exercice a été fait. 1h de CLM au max donne une TSS de 100.
La répartition n'est pas particulièrement équilibrée, mais c'est tombé comme ça, et la fin, on ne pouvait pas en faire plus, on etait au bout, il y avait la mer !
En gros, sur les 3 premières étapes, on est parti entre 7h30 et 8h pour arriver être 18h30 et 19h30.
Ca fait un peu trop. 1h de trop. Il faudrait se limiter à des étapes de 160-170km/2000-3000m
Coté matériel, il faudrait essayer des pneus de 25 voir 28 si ca passe. Et des développements de 34x27 pour tout le monde, pour que tout le monde puisse rouler doucement sans se casser les jambes...
Le PT est un outil remarquable aussi pour ce type de pratique ! Les "sans", surtout Majo, demandaient souvent ou on en était.
La conclusion
A refaire absolument !
C'est simple a organiser, bien plus simple qu'une rando en montagne hors sentiers, faut pas se priver !
un petit Dolomieu - Venise, 800km en 5 jours par exemple ...
ou un Dolomieu - La Rochelle, un Dolomieu - Bayonne, un Dolomieu - Pise ...
Quelques photos
Salut les amis, superbe votre ballade. J'ai vraiment admiré les deux harnachements, le tiens Patrick et celui de Majo plus aérodynamique. Personnellement j'aurais préféré un sac à dos, je préserve ainsi la masse non suspendue la plus légère possible. En tout cas j'aurais joué entre la sacoche de guidon et le petit sac à dos. J'aurais aussi pensé à des pneumatiques plus gros (comme sur mon vélo, quoi) En tout cas j'admire, on peut difficilement faire plus léger. Vous êtes bien des champions. Vous avez traversé des paysages magnifiques ! Je vous embrasse tous les deux et saluez votre ami.
Salut Pedro
Le sac a dos c'est bien, mais la suspension c'est toi qui la fait, et après 8h, tu en as plein le dos, les bras et surtout plein les fesses. 4kg en plus, ça fini par laisser des traces au talon d'Achille du cycliste qui se trouve être de ce coté.
Sinon j'ai essayé depuis le sac a Majo et il va bien. Heureusement car il est cher. Mais je crains un peu pour ma tige de selle en carbone de 156gr. Enfin, j'ai fait un renfort, un sandwich avec un bout de chambre a air de vtt et un tube de vitamine C... On s'occupe comme on peut !
Sinon j'ai aussi depuis acheté des pneus de 25, et bien a l'arrière ça passe pas sur mon cadre un peu trop excessivement compact. Jusqu'à aujourd'hui je trouvais ça plutôt bien cet arrière très court. Mais en plus de gêner le passage du pneu, ca n'arrange pas la stabilité du vélo chargé... Mais bon, il faut faire un compromis avec des contraintes un peu éloignées...
Sur la photo du col Finiel, je suis le mec qui bombe le torse et rentre le ventre. Fanfaronade de Tartarin cycliste se demandant encore comment il est arrivé jusque là.
Trois jours plus tôt a commencé notre périple.
En guise d'amuse-gueule Bordenoud Montmerle sur Saône via Pérouge et Villars les Dombes par le Chaléat express : 100 kilomètres à presque 27 de moyenne. Moi dans les roues m'appliquant à ne pas penser. Pédaler dit-il ...
Puis les premières côtes dans le Beaujolais se dressant sur le road-book comme autant de murs infranchissables.
Ne pas s'affoler. Pédaler court ...
Il reste quoi ? 90 bornes avant l'hôtel ? A 12 de moyenne, on devrait y être avant 22 heures ... Et le compteur qui tombe à 10 ...
Loin devant Patrick et Majo profitent du paysage.
Moi pour seul horizon, j'ai ce marquage en pointillés interminables scandant mes angoisses. Tu n'y arriveras pas. Tu n'y arriveras pas.Tu n'y arriveras pas. Tu n'y arriveras pas. Tu n'y arriveras pas ...
Plus la route s'élève, moins je force ...
Il faut dire pour ma défense que je traîne dans mon sillage (creusé à même le goudron) le divan vert de mon psy, les oeuvres complètes et non digérées de ce vieux Sigmund, une trouille bleue de ne pas y arriver, une trouille noire d'avoir à avouer que je ne vais pas y arriver ...
Le temps qui passe finit par me doubler à son tour digérant les kilomètres un à un ... Jusqu'à l'hôtel gaillardement construit au coeur d'une fête communale. Quoi de mieux qu'un bal populaire pour rythmer mes angoisses jusqu'à 2 heures du matin ?
Dimanche matin
Remettre ça
La première côte est un chemin de croix. Je me vois en Saint Sébastien auréolé d'un plateau de 32, le corps criblé de rayons inoxydables ...
Je ne peux pas y arriver.
Il me faudrait un 13 x 52, des couilles en béton,les idées plus claires que de l'eau de roche. Alors que je broie plus de noir que Soulages n'en a utilisé pour ses tableaux ...
Dans la deuxième côte, Patrick semble m'attendre. Je m'accroche même si je ne vais pas y arriver. Parce que je ne vais pas y arriver, c'est sûr. Alors autant m'accrocher jusqu'à ce que je n'y arrive plus. C Q F D.
De cet abandon à l'effort, mon périple n'en devient pas plus facile mais plus serein.
Les heures déroulent des paysages apaisés que je peux enfin apprécier. Je suis une paire d'yeux attachés à deux jambes qui tournent sans fin.
Au soir du deuxième jour, je suis tranquillement épuisé.
Alors ça c'est du beau récit cycliste ! Un véritable bonheur de lecture... Bravo Olivier, pour la performance cycliste comme pour le texte ci-dessus... On attend la suite !
