La Gentleman d'Aiguebelette

Par Franck P

Bien que la gentleman d'Aiguebelette se déroulait cette année le lendemain du CLM de Paladru (et avec toute la fatigue liée à la course et à l'organisation), l'idée d'aller disputer un chrono sur mes routes habituelles d'entraînement m'apparaissait extrêmement tentante. Ne restait alors qu'à trouver un partenaire pour s'engager à mes cotés et, après un casting minutieux, Yann obtenait le rôle (bon, faut dire qu'il n'y avait pas une foule de prétendants non plus !).

(Photomontage réalisé à partir de photos prises par Laetitia (du Fontanil), la veille, lors du CLM de Paladru)

Nous nous retrouvons à 8h30 dans le centre d'Aiguebelette, noyé dans un brouillard typique de début d'automne. Il y a du monde (et même du beau monde) avec plus de 100 équipes inscrites au sein desquelles on retrouve quelques uns des grands spécialistes régionaux du chrono : Guillaume Novel, Cédric Picollet (vainqueur la veille à Paladru), Grégory Cassini, sans oublier notre inoxydable Jeannie Longo... Le niveau s'annonce relevé.

Retrait des dossards puis échauffement : les sensations sont plutôt bonnes. Nous rattrapons même une équipe déjà en course alors que nous ne forçons pas vraiment. Nous devons même lever le pied pour ne pas prendre leurs roues. C'est encourageant.

Notre départ est prévu à 9h38. Je choisis finalement de me passer de lunettes car le brouillard contribue à les embuer et donc à réduire encore plus la visibilité. Je prie pour ne pas me ramasser un gros moucheron dans l'œil pendant la course. Advienne que pourra...

Evidemment, courir avec un partenaire aussi velu n'est pas chose facile : il faut faire abstraction des petits instants de honte et accepter les regards moqueurs des autres concurrents (par exemple, lorsque ses poils se coincent entre la chaîne et le grand plateau)... Mais heureusement, la vitesse et le brouillard aidant, on n'y voyait pour ainsi dire que du feu et l'impressionnante pilosité de Yann est ainsi passée presque inaperçu !

Le speaker nous appelle. Yann est rebaptisé Gavanel pour l'occasion... Nous menaçons de quitter les lieux illico si un rectificatif n'est pas immédiatement apporté (c'est vrai quoi, merde, il en va de notre honneur et de notre réputation !), mais tout rentre dans l'ordre à vingt secondes de notre départ, Yann retrouve son vrai patronyme, les organisateurs nous supplient de ne pas leur faire l'affront de nous en aller, nous pouvons donc chausser les cales et déclencher les chronos...

5, 4, 3, 2, 1... Allez, c'est parti !

Bien qu'ayant décidé de ne pas démarrer trop vite, nous nous retrouvons rapidement à rouler à très bonne allure. Je suis impressionné de voir que je prends des relais sans difficulté à plus de 40 à l'heure dans des portions de faux-plats montant que je passe habituellement à peine à 35 à l'entraînement.
La cohabitation avec Yann est excellente d'entrée : les relais sont fluides, naturels, et le rythme de l'un convient parfaitement à l'autre. En deux mots : ça roule !

(Photomontage réalisé à partir de photos prises par Olivier, la veille, lors du CLM de Paladru)

Après 5 km menés tambour battant, nous choisissons tous les deux (et sans nous concerter) de lever volontairement un peu le pied dans la longue ligne droite qui précède la seule vraie difficulté du parcours : une côte d'environ 1300 mètres à 5 ou 6% de moyenne.
Je laisse Yann faire le train dans la bosse et m'accroche à sa roue durant toute la montée (j'ai ainsi une vue privilégiée sur ses mollets velus). Notre vitesse ne tombe pas en dessous de 24 ou 25 km/h, ce qui me semble correct.

Nous rattrapons une équipe en pleine débandade, partie 8 minutes avant nous, au sommet de cette bosse, puis faisons demi-tour au rond-point situé juste après le sommet pour repartir dans l'autre sens. S'en suit la descente puis de longues portions de plat ou de faux-plat où notre allure demeure relativement constante, toujours au-dessus de 40 km/h.

Sur la route du retour, nous croisons la paire Delpuech-Halgrain que je sais redoutable. Nous sommes partis 5 minutes devant eux et j'essaye d'estimer combien de terrain ils nous ont repris. Je dirais moins de 2 minutes à cet endroit. Nous limitons bien les dégâts.

Dans les 7 ou 8 derniers kilomètres, Yann ressent un petit coup de moins bien mais il le gère tant et si bien que je ne m'en aperçois pas vraiment. Tout juste suis-je étonné de le voir rechigner à me prendre un relais à un endroit où j'aurais bien aimé me remettre dans sa roue pour récupérer.
Nous rattrapons et laissons sur place une deuxième équipe partie deux minutes devant nous. Ça aussi, c'est bon pour le moral.

Les 5 derniers kilomètres sont ceux où il faut tout donner, alors j'essaye d'en remettre une couche chaque fois que je sens notre allure plafonner, mais mes relances sont de courte durée car, pour moi aussi, ça commence à devenir un peu dur.
Pour Yann, les difficultés se situent surtout au niveau visuel : ses lunettes de vue sont couvertes de buée si bien qu'il n'y voit plus rien depuis un bon moment. Pas évident quand on doit coller à la roue du partenaire.

Nous parcourons les 2 derniers kilomètres en très léger faux-plat descendant à plus de 45 km/heure et coupons finalement la ligne en 39'12, avec une moyenne de 42,5 km/h (selon les organisateurs... plutôt 42 sur nos compteurs).
Ce temps nous classe 26ème du scratch sur 103 équipes, à un peu plus de 3 minutes des premiers. Nous prenons aussi la 8ème place de notre catégorie (sur 27).

Mais plus que le classement, ce sont les sensations ressenties et l'excellente entente sur le vélo qui nous auront donné satisfaction. L'ensemble était homogène et nous avons roulé somme toute plutôt vite. Un vrai bon moment de vélo. Un de ceux à ranger au rayon des très bons souvenirs de la saison 2011 !

Faut dire que les chronos, avec Yann, ça marche... au poil !

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