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Sur les routes augeronnes
Je vais essayer de vous faire un rapide saut dans le Pays d'Auge, cette région qui s'étend de la côte (Deauville, Trouville), au sud de l'orne, et donc la caractéristique principal reste son relief accidenté, avec de nombreuses cotes abruptes, flanquées sur de petites routes protégées, au milieu des champs de pâturage. N'ayant plus fait de longue sortie depuis un mois, je décide de me lancer sur une sortie d'environ 4h, reprenant le circuit final du Paris Camenbert, avec sa succession de cote intéressantes. Pierre Luc Périchon, vainqueur à Vimoutiers de l'édition 2012, dans le long faux plat de l'arrivée Il fait gris depuis 2 jours (un classique ici) et je pars un peu tard, chargé de nourriture dans les poches, ayant peur de me retrouver en fringale comme au Cucheron il y a un moins à Grenoble. Je ressors du garage mon vieux BH Lautaret que l'on m'avait offert lors de mes 13 Printemps, et qui roule encore, je ne sais par quel miracle. Un cadre bien rigide en alu, des roues qui ne tourne pas longtemps. Bref, une masse de 13 kilos (avec les bidons)parfait pour se faire les pâtes.
C'est un classique en Normandie, la circulation est quasi inexistante. Sur un bel enrobé, et en position de contre la montre, on avale sans peine, vent 3/4 dos, les 15km de plat qui nous amènent à la première vraie difficulté, la cote de Canapville, longue de 2km, à 6% de moyenne. Les jambes sont bonnes, et je relance même au sommet, avant de descendre vers Vimoutiers et de passer la mythique ligne d'arrivée de la Semi Classique. Une fois dans cette belle ville froide, on oblique à droite pour attaquer la première cote du fameux triptyque Hunière-Moulin Neuf-Champeaux. La Hunière est usante, avec 500m de faux plat à environ 6%, avant d'attaquer les 500 derniers mètres à 14% de moyenne.
Au sortir de cette belle bosse, on redescend vers Vimoutiers avant d'entamer les petites routes au coeur de la Normandie profonde, celle de Jacques Anquetil (oui les jeunes ont des références d'une autre époque). Dominant la vallée, alors qu'une petite pluie fine vient buriné les traits encore frais de mon visage bronzé par le soleil Isérois, on observe la cote du moulin neuf (700m à 15% de moyenne, dont 200m à 17%) qui se profile, et les jambes ont déjà mal... Une fois au sommet, on bascule tranquillement (en soufflant comme un buffle certes) vers le village où tout à commencé, et qui a fait la réputation d'un pays tout entier. Un village que les ricains, du haut de leur building tout de verre et d'acier, nous envie avec hargne, je veux parler du village de Camembert bien sur.
Pédaler ici, c'est aussi sentir. L'odeur des laiteries, des cidreries et des pâturages donnent une toute autre saveur à l'effort solitaire qui peut pourtant paraitre ennuyeux.
Je suis à 63km, les jambes tiennent le coup. je décide d'envoyer les watts sur les portions planes (entre Vimoutiers et Livarot...oui la route des fromages ) à environ 40km/h, sans trop de vent. J'en profite pour me ravitailler et observer les belles bâtisses et quelques châteaux, haras du coin, et m'arrête faire la bise chez une vieille amie dont les grands parents possèdent un fameux manoir entouré de douves...sublime. Après un coup de barre vers le kilomètre 90, je vide mes poches et reprend du poil de la bête, bien décidé de faire monter la moyenne durant la dernière heure. Je donne tout dans la dernière bosse et bataille sur le plat pour rouler à bloc. Une fois passé les 29km/h de moyenne en arrivant près de lisieux, je sauvegarde les données du compteur et décide de finir les 5 derniers kilomètres en roue libre, même si, à mon grand étonnement, il m'en restait encore. Je constate que, comme par le passé, après 3h30 d'effort, les jambes tournent "presque" toute seules, si le corps est bien alimenté, et les kilomètres défilent plus vite à ce niveau d'avancée.
J'espère vous avoir fait un peu voyager dans ma contrée exotique
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