Grand Prix d'Andrevières (Autrans), course en ligne comptant pour le championnat départemental de l'Isère.
AVERTISSEMENT : Attention, je ne gagne qu’une course tous les 5 ans, alors ça va être un roman !
Quelle course improbable ! Nous sommes 4 TVS sur 14 partants (avec Eric, Didier, Pierre et moi), et nul doute que nous faisons figure d’épouvantails.
Juste avant le départ, je demande à Pierre comment on s’organise. Il n’a pas vraiment de plan et me lance un truc du genre « le premier qui sort, on roule pour lui ». Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd et, sitôt la moto ouvreuse nous lâche, je me dresse sur les pédales, 1200 watts dans le démarrage, et c’est parti pour un petit 60 à l’heure dans la première ligne droite.
Bon, j’apprendrai après la course qu’il existait une tradition pour que le premier tour se fasse tranquille, mais j’ignorais complètement ce pacte de non-agression. Désolé pour ceux que cela a agacé, je ne savais vraiment pas.
La course est partie sur les chapeaux de roues, donc, et cela oblige d’emblée JP d’Ascoli à rouler derrière moi.
Sur la moto ouvreuse, Régis tente de calmer mes ardeurs en me disant qu’il ne faut pas que je rentre sur le peloton des 30/39 ans, parti une minute avant nous, car ça va mettre le bazar. Je lui réponds confiant « t’inquiète, ça ne risque pas de rentrer » !
Sauf que je suis repris au bout de la première ligne droite et que Pierre plante une 2ème banderille illico. Seuls JP, Didier et moi suivons. Derrière, ça casse… Et nous fondons à toute allure sur le peloton des 30/39 ans… Régis nous demande de ne pas les rejoindre, alors on laisse 20 mètres entre eux et nous, histoire de respecter la consigne, mais c’est frustrant car nous sommes échappés et nous ne pouvons pas rouler comme on voudrait.
Nous faisons un tour échappés tous les 4 et je me dis qu’on va faire toute la course comme ça, que je suis sorti avec les 3 favoris et que c’est vraiment pas mal. Qu’on aura tout le temps de s’expliquer dans les 3 derniers tours et que, d’ici là, il n’y a qu’à se relayer pour bien creuser.
Sauf que JP refuse tout net de prendre des relais. Et au lieu de rester derrière nous et de nous laisser rouler, il vient s’intercaler dans les prises de relais ce qui nous agace un poil. Il n’en faut pas plus à Pierre pour attaquer lors du tour suivant. Je viens de prendre un relai, j’ai besoin de récupérer dans les roues, mais l’attaque de Pierre me fait perdre le contact. Je m’accroche autant que je peux mais ne parviens pas à recoller. Et là, j’avoue ne pas trop comprendre. Dans la mesure où Pierre n’a pas réussi à lâcher JP, pourquoi ne se relève-t-il pas pour m’attendre ? Je lutte 20 mètres derrière seul dans le vent et, si je reviens avec eux, je pourrais être utile pour rouler. Mais Pierre poursuit son effort avec JP et Didier dans sa roue et, la mort dans l’âme, je les vois prendre le large. Je gueule comme un putois, mais ils ne m’entendent déjà plus. On a parcouru moins de 10 km de course et je me dis que mon championnat est déjà plié… Déçu.
Je me relève pour attendre des coureurs lâchés du peloton des 30/39 ans et j’intègre leur groupe. Nous sommes 4, ça ne roule pas trop mal et nous reprenons d’autres coureurs au fil des tours et des kilomètres, parmi lesquels Tom qui a l’air d’avoir du jus mais fait beaucoup trop d’efforts en tête de son groupe, dans le vent, sans jamais demander de relais…
Je roule au sein de ce paquet, donc, sans objectif autre que de rallier l’arrivée sans rester seul quand, à la mi-course, et à ma grande surprise, nous rentrons sur le trio formé par Pierre, Didier et JP. Je n’en reviens pas ! Ces trois-là étaient les plus forts, ils étaient échappés ensemble, nous n’aurions jamais dû les revoir ! Mais ils se sont tellement observés et neutralisés que, en fin de compte, ils n’ont pas bien roulé.
A peine ai-je réintégré le groupe que Pierre relance les hostilités. En seulement deux minutes, 5 efforts violents entre 650 et 1000 watts pour rester au contact, ne pas me faire décrocher une nouvelle fois. On dirait une séance de fractionné 20"/20" ! Mais j'ai de super cannes, alors ça tient !
Mieux même, je me sens la capacité de m'amuser un peu. Dans la grande ligne droite du départ, je décide d’attaquer à mon tour, mais cette attaque n’a pas d’autre objectif que d’obliger une fois de plus JP à faire l’effort, ce qu’il fait, d’ailleurs. Mais au moment où il est sur le point de rentrer avec tout le monde dans sa roue, j’en plante une deuxième, juste pour retarder un peu l’échéance. Des gars de la course des 30/39 ans embrayent avec moi et nous voilà échappés. Derrière, JP semble ne plus trop savoir quoi faire, tandis que Pierre et Didier jouent les équipiers modèles en restant sagement dans sa roue.
Les trois gars avec lesquels je me retrouve (deux Fontanilois et un gars de Pontcharra) roulent bien, les relais sont réguliers et l’écart avec mes poursuivants se creuse au fil des kilomètres.
L'écart se creuse au fil des kilomètres et, à 3 tours de l’arrivée, je commence à entrevoir la victoire.
Arrive le dernier tour... j’ai compris que nous ne serons pas rejoints et je savoure ! Je laisse filer mes deux derniers compagnons d’échappée à l’approche de la ligne que je franchis en vainqueur, heureux comme un cadet !
Puis je me gare pour assister à l’arrivée du peloton et ce que j’espérais arrive, Pierre et Didier prennent les 2e et 3e places. JP, double tenant du titre, ne peut faire mieux que 4ème après s’être bien battu. Nous ne lui avons pas facilité la tâche, le pauvre.
Voilà, je suis champion de l’Isère et surtout de retour sur la plus haute marche d’un podium 5 ans après ma dernière gagne, au triptyque 2014.
Didier et Pierre ont l’air autant heureux que moi de ma victoire et notre bonheur est visible lors de la remise des prix.
Cap maintenant sur le régional, disputé à 8 km de chez moi et que j’aborde remonté comme un coucou !