Par Radu
Le 6 mai 2017
A l'occasion de la grimpée cycliste du col de Porte organisée par notre club, on vous propose une courte rétrospective. Le vainqueur du Tour de France 1948 a été le grand cycliste italien Gino Bartali.
Le 16 juillet s’est déroulée la 14e étape du Tour de France 1948 (deuxième tour après la guerre), entre Briançon et Aix-les-Bains, soit 263 km : les cols du Lautaret, du Galibier, de la Croix de Fer, de Porte, du Cucheron et du Granier étaient notamment au programme. Au départ de Briançon le temps s’annonçait excécrable. En effet, les coureurs auront subi la pluie tout au long de l’étape ainsi que la neige dans le col du Galibier. L’escalade puis la descente du col de la Croix de Fer (à l’époque la route n’était pas goudronnée) furent dantesques.
Louison Bobet et Gino Bartali dans l'ascension du col de la Croix de Fer
Gino Bartali dans la montée du col de Porte
Au départ de cette étape, Gino Bartali est deuxième au classement général, à plus d’une minute du maillot jaune. Gino est distancé dans le col de la Croix de Fer après une crevaison, mais revient sur les deux hommes de tête, Louison Bobet (maillot jaune) et André Brulé, à Grenoble. Les trois coureurs traversent la capitale des Alpes ensemble. Gino décide d’attaquer dès les premières pentes de la route menant au col de Porte. Il procède par accélérations vives et rapprochées. Bobet et Brûlé cèdent du terrain. Bartali franchit le sommet du col de Porte en solitaire et devient maillot jaune virtuel. Il franchit ensuite, toujours en solitaire, les cols du Cucheron et du Granier et passe la ligne d’arrivée à Aix-les-Bains avec six minutes d’avance sur Stan Ockers. Louison Bobet est 6e avec sept minutes de retard sur Gino Bartali !
Gino Bartali franchit le col de Porte en solitaire et devient leader virtuel de ce tour de Fance 1948
René Vietto, Apo Lazaridès et Jean Robic (de gauche à droite) tentent de limiter les dégâts dans la montée du col de Porte...
La veille, Gino avait gagné la 13e étape (Cannes – Briançon, 274 km) avec 6 minutes d’avance sur Briek Schotte et 18 minutes d’avance sur Louison Bobet, qui portait le maillot jaune depuis la 5e étape.
Gino Bartali jouant du braquet lors de la 13e étape du tour de France 1948
Après une journée de repos à Aix-Les-Bains, Gino Bartali gagne la 15e étape (Aix-les-Bains – Lausanne, 256 km) avec 2 minutes d’avance sur Briek Schotte. Au final, Gino s’impose au général avec 26 minutes d’avance sur Briek Schotte (2e) et 33 minutes sur Louison Bobet (4e). Il aura gagné sept étapes, dont les cinq étapes de montagne (record non encore égalé), deux dans les Pyrennées et trois dans les Alpes. Il emporte également le classement du meilleur grimpeur avec 62 points. Gino Bartali boucle les 4922 kilomètres du tour 1948 à la moyenne de 33.4 km/heure.
Gino Bartali est décédé en 2000 à l'âge de 86 ans. En 2013 il a reçu à titre posthume la distinction de Juste parmi les nations, la plus haute décernée par Israël à celles et ceux qui ont sauvé, au péril de leurs vies, des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Lire l'article paru dans Le Monde du 24 septembre 2013. Le livre Road to Valor (en anglais) est le récit complet de la vie de Gino Bartali qui, entre ses deux victoires sur le Tour de France (1938 et 1948) a secrétement aidé la résistance italienne durant la seconde guerre mondiale.
Un article paru sur le site internet d'Eurosport résume la personnalité de Gino Bartali, avec quelques belles videos.
Le vélo de Gino Bartali était un Legnano, équipé d’un seul plateau, d’une cassette à cinq pignons et d’un dérailleur arrière Campagnolo Cambio Corsa. Pour les changements de vitesse, le cycliste devait tout d’abord rétropédaler et agir sur une première manette qui jouait le rôle de déblocage/blocage rapide. Les pattes du cadre et l’axe du moyeu étaient dentés pour maintenir la roue centrée. Une fois la roue débloquée, le cycliste devait actionner une deuxième manette reliée à une patte qui permettait de pousser la chaîne latéralement, d’un pignon à l’autre. Enfin, le cycliste devait ensuite bloquer la roue avec la première manette. Gino Bartali était très habile et était parmi les seuls coureurs à pouvoir changer les vitesses du Cambio Corsa tout en grimpant.
Un vélo de légende : un Legnano identique à celui que Gino Bartali a utilisé lors du tour de France 1948
Dérailleur Campagnolo Cambio Corsa
Très joli article, Radu, on y apprend des tas de choses et l'on est subjugué par la difficulté du TDF à cette époque (longueur des étapes, nombre d'étapes de montagne, état des chaussées, technologie et poids des vélos, kilométrage total du Tour...).
Et on me sure aussi à quel point le Col de Porte a été décisif dans au cours de ce Tour 1948.
Merci Radu. Je n'ose pas imaginer ces grands cols des Alpes sans goudron. La difficulté était bien supérieure, on n'imagine même pas (on essaye un peu au stage de Pâques, mais ce n'est pas du gout de tout le monde, je le vois bien...). Sans compter le matériel. Cela relativise l'apport des changements électriques par rapport à ce qui ce fait avec un câble de nos jours !
Eddy — 08 mai 2017, 10:08
BRAVO Radu !
Très bel article.
On n'imagine pas les difficultés rencontrées par les coureurs à l'époque.
Incroyable et passionnant ! Voilà qui rend humble ...
Très belle article, bravo.
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